De Madame Plancton à Animaux en danger

Publié le 10/10/2024

ME: Que voulais-tu faire dans la vie quand tu avais 6 ou 7 ans? 

J’ai voulu faire tellement de choses! Pendant plusieurs années, j’ai voulu faire du théâtre, puis j’ai voulu être égyptologue. Et puis, je me suis progressivement tournée davantage vers les sciences naturelles. J’ai failli aussi me lancer dans une école de cuisine! Je suis une éternelle curieuse.

 

ME : Quel est ton souvenir du premier livre que tu as lu, et quel en était le titre? Pourquoi ce livre t’a-t-il plu?

Je suis une dévoreuse de livres depuis si longtemps qu’il m’est difficile de nommer le premier livre qui m’a marqué dans ma jeunesse. On dirait que les années se mélangent dans ma tête! Il y en a probablement eu beaucoup qui ont forgé mon goût pour la littérature et l’écriture avant celui-ci, mais je me rappelle particulièrement d’un livre que j’ai dû lire pour l’école quand j’avais à peu près 13 ans : « À la poursuite d’Olympe », de l’historienne Annie Jay. L’histoire suit les aventures d’une jeune femme à l’époque de la monarchie française. Ce livre m’a marquée, car cette héroïne a osé dire non aux choix qu’on avait faits pour elle, contre son gré. Elle a choisi de prendre ses propres décisions, à une époque où il était particulièrement difficile pour une femme de se faire sa propre place. L’audace du personnage m’avait impressionnée.

ME : Quand as-tu découvert ta vocation de biologiste?

Difficile de dire quand je me suis découvert une vocation!

Quand j’ai eu 18 ans, une très bonne amie m’a offert un cadeau – « Notre univers », une encyclopédie, et sur l’emballage, elle avait écrit au gros feutre noir : « pour la future physico – bio – paléo - anthropologue ». Je l’ai d’ailleurs découpé et gardé précieusement! Ça démontre bien à quel point j’ai toujours été intéressée par de nombreux domaines et j’ai hésité entre plusieurs programmes d’études jusqu’au dernier moment. Entre autres, j’ai failli m’inscrire en sciences forensiques! Je crois que je me suis finalement orientée vers la biologie, car c’est la science du vivant en général, cela me donnait l’occasion de me pencher sur de nombreux sujets malgré tout. Aussi, j’ai eu des professeurs de biologie qui ont su me transmettre la passion de leur matière. Enfin, j’ai grandi dans une famille qui aime la nature, en jouant dehors et en m’intéressant à ce qui m’entourait. Toutes ces petites pièces du puzzle mises ensemble m’ont amenée au parcours professionnel que je suis aujourd’hui. C’est d’ailleurs pour ça que j’aime autant la vulgarisation, elle me permet de me pencher sur plein de sujets différents!


ME : Pourquoi avoir choisi les études que tu as faites? As-tu dû étudier longtemps?

J’ai étudié 5 ans à l’université en biologie. Mais quand on travaille dans une université, on ne s’arrête jamais d’apprendre, c’est ce que j’aime. La biologie est un large champ d’études, j’ai donc pu me pencher sur beaucoup de dimensions différentes des sciences naturelles pendant mes premières années d’études, avant de choisir de me spécialiser en océanographie. Aujourd’hui, je travaille davantage en sciences de l’environnement, dans un contexte de réconciliation et de collaboration avec les populations autochtones qui habitent le Nord. Donc je touche encore à beaucoup de choses différentes, j’adore!


ME : Y-a-t-il eu un.e enseignant.e, un membre de ta famille (ton grand-père ?) ou un.e scientifique qui t’a influencée dans ton choix de carrière?

Mon grand-père a définitivement contribué à développer ma curiosité pour le monde qui m’entoure. Il était instituteur en Alsace pendant toute sa carrière et c’est lui qui m’a appris à écrire mes premiers poèmes. Depuis, je n’ai jamais cessé d’écrire. Pendant longtemps, j’écrivais simplement pour le plaisir, puis je me suis lancée en journalisme scientifique pendant mes études à l’université. J’ai fait mes premières armes grâce à deux journaux de l’Université Laval et je leur en serai éternellement reconnaissante ! N’ayant pas eu de formation particulière ni en écriture ni en journalisme, je crois que je ne me serais jamais fait confiance pour tenter l’aventure autrement. Et même aujourd’hui, le syndrome de l’imposteur est encore grand!

Du côté de la biologie, je crois que le chemin que j’ai suivi s’est ouvert au fur et à mesure des rencontres inspirantes que j’ai eu la chance de faire depuis le début de mes études : des professeurs, des collègues, des amis.

Une autre chose qui me fascinait beaucoup et qui m’a conduite à vouloir étudier le monde vivant, ce sont aussi les documentaires que je regardais le vendredi soir avec mon père, à propos d’endroits lointains et magnifiques. Ça me faisait rêver d’aventures et de grands espaces naturels.

 

ME : Chez Méga Éditions, nous t’avons d’abord connue grâce à ton blogue Madame Plancton*. Qu’est-ce qui t’a amenée à créer ce blogue? Pourquoi avoir choisi ce nom?

À l’époque où j’ai créé ce site, j’avais de nombreuses petites expériences, comme une mosaïque en quelque sorte. Je voulais regrouper tout ça à la même place, à la manière d’une artiste avec son portfolio, pour chercher de nouvelles collaborations en vulgarisation. Et si vous m’avez trouvée grâce à ça, j’ai gagné mon pari! Mais c’était aussi une manière de me donner une vue d’ensemble de tout ce que j’avais fait jusque-là, pour me prouver que j’en étais capable.

Le plancton, c’est l’ensemble des organismes microscopiques qui vivent en suspension dans l’eau, qui dérivent au gré des courants océaniques. Quand j’ai fait le site, je cherchais un nom facile à retenir qui reflétait un peu mon parcours : voguer au gré des opportunités, à la dérive dans le courant de la vie! C’était aussi l’un des sujets sur lesquels j’ai travaillé pendant mes études de maîtrise. Pour ces raisons, j’ai arrêté mon choix sur « Madame Plancton ».

 

ME : Pourquoi avoir dit « oui » au projet de Animaux en danger dans la collection Mon Mégadoc, qui se veut un documentaire positif sur la conservation des espèces en péril? 

J’ai toujours rêvé d’écrire des livres, alors comment refuser cette proposition extraordinaire?

De plus, quand on m’a proposé de traiter le sujet des animaux en danger d’un point de vue positif, ça correspondait tout à fait au genre de choses que je souhaitais faire : émerveiller, susciter la curiosité plutôt que le découragement face aux défis que connaît l’humanité aujourd’hui. Je trouve souvent qu’on aborde nos problèmes de société avec une lentille si négative que c’en est décourageant de faire quelque chose. Avec ce livre, j’ai voulu partager des choses encourageantes, inspirer pour un changement positif. Je suis persuadée que le changement qui vient d’en bas peut être puissant.

 

ME : Quelles sont tes planches préférées dans Animaux en danger ? Pourquoi?

J’aime beaucoup celle de l’aye-aye, car elle permet d’aborder le fait que les animaux moches reçoivent toujours moins d’attention que les plus mignons, même lorsqu’il s’agit d’animaux à protéger.

J’aime aussi les planches du début, qui sont un peu plus générales. Elles permettent de mettre l’accent sur des sujets qu’on retrouve moins souvent dans les livres pour enfants, comme la symbiose, l’équilibre d’un écosystème ou encore les espèces exotiques envahissantes.


ME : Que préfères-tu dans l’exercice de ton métier?

La diversité de ce que je fais. Je travaille sur de nombreux projets différents. Je voyage dans les milieux nordiques. C’est toujours un plaisir, une émotion particulière de retrouver l’immensité de l’océan Arctique et les vastes paysages de la toundra.


ME : Si tu n’étais pas devenue biologiste, vulgarisatrice scientifique et autrice, qu’aurais-tu fait dans la vie?

Bonne question! Il y a tant de choses à faire, à découvrir. J’ai déjà eu beaucoup de mal à me décider dans cette vie, alors s’il fallait que je choisisse encore!

Je dirais que je serais peut-être devenue archéologue : explorer, reconstruire le passé, le comprendre et l’apprivoiser, ça m’a toujours fascinée.


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