De Passe-Partout à Je t’aime, mon P’tit Loup!, l’auteure Camille Tremblay nous raconte son parcours
Méga Éditions: Camille, c’est aujourd’hui votre anniversaire que nous vous souhaitons bon et rempli de témoignages d’amour, tout aussi empreints de tendresse et de poésie que vos livres Je t’aime, mon P’tit Chat! et Je t’aime, mon P’tit Loup!. Nous profitons de ce jour tout spécial pour vous ramener quelques années en arrière avec cette question : que vouliez-vous faire dans la vie quand vous aviez 6 ou 7 ans?
Camille Tremblay: Être une fée m’apparaissait une fonction pleine d’attraits.
ME: Vous avez étudié en Sciences de l’éducation à l’Université Laval. Pourtant, vous vous êtes consacrée à l’écriture des livres, bien sûr, mais aussi de scénarios d’émissions jeunesse, dont Passe-Partout et Watatatow, deux émissions phares qui ont marqué plus d’une génération d’enfants et d’adolescents québécois. Comment êtes-vous arrivée à l’écriture?
CT: Après ma formation universitaire, j’ai travaillé quelques années en counseling auprès des jeunes dans le réseau scolaire. Puis, pendant un cours d’espagnol, j’ai fait la rencontre d’une conceptrice de Passe-Partout. J’aurais rêvé moi aussi d’exercer comme elle un travail créatif, pour les enfants en plus! Mais comment s’y prend-t-on pour travailler en télévision? Ça m’apparaissait inaccessible. Un jour, elle m’a avisée qu’un poste se libérait et, alors que je croyais n’avoir aucune chance, j’ai été choisie. Mes connaissances en développement de l’enfant, mon expérience, ma facilité à écrire, mon imagination, tout ça était pertinent en fin de compte. Ma vie venait de changer!
ME: Quel est le souvenir du premier livre que vous avez lu et quel en était le titre? Pourquoi ce livre vous a-t-il plu?
CT: Je ne me souviens plus de mon premier livre, mais ma première lecture d’un livre presque sans images oui. C’était Nouveaux contes de fées de la Comtesse de Ségur. À chaque page lue, je criais avec fierté à ma mère que j’en tournais une nouvelle. Je me rappelle du personnage de Blondine qui s’était perdue en cueillant des lilas toujours plus beaux sur son chemin. Je souhaitais de tout mon cœur, comme elle, admirer et humer de merveilleux lilas. Mes passions pour la lecture et pour les fleurs germaient déjà.
ME: Y-a-t-il eu des personnes, des enseignant.e.s, des auteur.e.s, des membres de votre famille qui ont influencé vos choix de carrière?
CT: Ma grand-mère a toujours affirmé que j’étais l’artiste de la famille. Comme elle était la matriarche d’une trentaine de petits-enfants, ce compliment avait du poids bien que je ne voyais pas trop d’où elle tenait ça. Ma confiance en moi était chancelante mais son regard bienveillant m’a insufflé une force dans laquelle je pouvais puiser et qui m’a aidée à me construire. C’est elle, le raton laveur qui s’extasie devant la création de son petit dans Je t'aime, mon P'tit Chat!.
ME: Pourquoi avoir choisi le monde des enfants?
CT: Je trouve les enfants fascinants et je connecte facilement avec eux. J’ai encore plusieurs souvenirs de ma petite enfance, des évènements qui m’ont marquée et des sentiments que je ressentais alors, ce qui facilite beaucoup mon travail. Comme les tout-petits, j’adore ce qui relève de l’émotion tendre, de l’imagination, de la fantaisie, de l’émerveillement. L’autre jour, la petite fille d’une amie lui a demandé: «Camille, est-ce que c’est une adulte?». Sa question m’a fait plaisir.
ME: Pourquoi avez-vous choisi d’utiliser le mot «quand» revenant dans chacune de vos mises en situation si bien rendues par l’artiste Hazel Quintanilla?
CT: Au fil de la vie quotidienne, quand l’enfant fait quelque chose de craquant, touchant, drôle ou généreux, le parent sent monter des bouffées d’affection. Il nous a semblé que mettre en scène ces moments de grâce consoliderait ce pont émotif entre le petit et l’adulte au moment de la lecture, tout en pointant à l’enfant des comportements qui peuvent susciter des sentiments positifs chez les autres.
ME: Vous usez de rimes, de mots rigolos, de phrases courtes et d’images touchantes dans vos livres. On vous sent proche du monde de l’enfance. Vous souvenez-vous d’un moment où, petite, vous avez senti que vous suscitiez la fierté d’un adulte?
CT: Il y avait un champ derrière la maison et j’adorais composer des bouquets de fleurs. Un jour, ma mère a trouvé que j’avais si bien réussi qu’elle a invité deux de mes tantes à venir prendre un café et admirer mon œuvre. Je n’en revenais pas de faire l’objet d'une pareille attention. Le petit écureuil dans le livre qui offre des fleurs à sa maman est inspiré de ce souvenir.
ME: Si vous ne vous étiez pas consacrée à l’écriture, qu’auriez-vous fait dans la vie?
CT: J’aime aussi beaucoup les arts plastiques et il me semble que ça m’aurait plu d'être restauratrice d’œuvres d’art. J’aime le travail manuel méticuleux, les musées, l’histoire de l’art et contribuer à la beauté du monde me paraît une noble tâche.